Prix nobel

On apprenait hier soir que le Prix Nobel de littérature 2007 avait été attribué à Doris Lessing.
Le prix récompense une femme dont l'oeuvre reflète tous les combats du XXème siècle dans lesquels elle s'est impliquée: lutte contre le racisme et l'apartheid, féminisme, engagement politique auprès des plus démunis...Une production riche , dense et profonde, aussi bien dans le domaine du théâtre que dans celui du roman et des nouvelles.

Cependant, mon Prix Nobel personnel, mon" Nobel des Nobel"est celui de l'année 2003.
Il avait été attribué cette année-là à l'écrivain néo-zélandaise Janet Frame.





Née en 1924, Janet Frame a été marquée très jeune par toute une série d'internements en hopitaux psychiatriques, pas forcément justifiés mais conformes à la médecine de l'époque.L'écriture lui donnera le clef de sortie de cet enfer.
Des romans magnifiques, des volumes de nouvelles et des recueils de poésie jalonneront ensuite sa carrière .
Son oeuvre la plus connue de ce côté-ci du monde, "Un ange à ma table", a été admirablement portée à l'écran par la réalisatrice Jane Campion et a contribué à faire connaître l'oeuvre de Janet Frame dans le monde entier.
Janet Frame est décédée en 2004 d'une leucémie, un an seulement après son couronnement par l'académie suédoise.



"Je me souviens de ce jour de grisaille où, appuyée à la barrière,j'écoutais le vent dans les fils télégraphiques.Pour la première fois, je pris conscience d'une tristesse extérieure, ou qui semblait venir de l'extérieur, du gémissement du vent dans les fils.Je parcourus du regard la route blanche et poussiéreuse et ne vis personne.Le vent soufflait, courait devant nous de place en place, et je restais là, au milieu, à l'écouter. Un poids de tristesse et de solitude m'accabla soudain comme si quelque chose était arrivé ou sur le point d'arriver et que je savais de quoi il s'agissait.Je crois que je n'avais encore jamais prété attention au monde autour de moi: jusqu'alors, je pensais que j'étais le monde. En écoutant le vent et sa triste mélopée, je sus que cette tristesse n'était pas mienne, qu'elle appartenait au monde"



(Un ange à ma table, Editions Les Belles Lettres, 1992. Traduction de Anne Damour)